24 novembre 2006

Muddy Waters

En juillet 1941, alors qu'Alan Lomax, préparant une tournée de collecte dans le Delta pour le compte de la Bibliothèque du Congrès, se démène pour installer un enregistreur portable de 130 kilos dans le coffre de sa voiture, le reste du monde se débat avec des problèmes d'un autre ordre.

Franklin Delano Roosevelt commence un troisième mandat et prononce son fameux discours sur les " Quatre Libertés " [discours sur l'état de l'Union, 6/1/1941].

L'Allemagne déclare la guerre à l'URSS. En décembre de la même année le haut commandement japonais ordonnera l'attaque de Pearl-Harbour qui amènera l'entrée en guerre des États-Unis et l'embrasement presque général de la Planète.

A cette époque, le monde musical célèbre surtout le Jazz, le Jazz et encore le Jazz.

Les critiques de Downbeat distinguent Benny Goodman et Glenn Miller, Art Tatum est en tête d'affiche au café Society de New York, et le Hut-Sut Song, dont Time Magazine voit l'origine chez " un aveugle noir du Missouri qui le chantait à l'arrivée des bateaux vers 1914 ", grimpe dans les charts.

Le jeune prodige Lorin Maazel fait ses débuts à la tête de l'orchestre symphonique de la NBC.

Les Andrew Sisters ont déjà vendu 8 millions de disques pour Decca ; la mort vient prendre le légendaire pianiste Jan Paderewski dans sa 80ème année alors que le superbe saxophoniste Chu Berry la trouve dans un accident de la route, risque courant chez les musiciens itinérants.

Pendant que se déroulent ces événements, le Delta du Mississippi fume doucement sous le soleil de cette fin d'été.

Un jeune noir du nom de McKinley Morganfield travaille à la plantation Stovall. Conducteur de tracteur le jour, il joue de la guitare avec un petit groupe à cordes, attendant patiemment la chance dont il sait qu'elle va venir.

Et Alan Lomax, en grimaçant, arrive à hisser le peu maniable enregistreur dans son coffre, se met au volant et part en direction du Sud.

La Bibliothèque du Congrès avait commencé dès 1933 la collecte méthodique, par des enregistrements sur le terrain, des formes traditionnelles de la musique américaine.

Des folkloristes et des collectionneurs comme l'équipe père-et-fils de John et Alan Lomax, John Work, Zora Neale Huirston, Harold Courlander ou Elisabeth Barnicle explorèrent la campagne et la musique américaine bénéficia amplement de leurs incursions dans le Sud.

Ils installèrent et démontèrent des centaines de fois leur équipement en Alabama, en Floride, en Louisiane, au Mississippi et au Texas, dans les marchés au bord des routes, sous les porches des églises, dans les camps de travail rattachés aux prisons et aux pénitenciers. Une des plus belles découvertes des Lomax fut d'ailleurs le détenu Huddie "Leadbelly " Leadbetter qu'ils enregistrèrent alors qu'il purgeait une peine pour meurtre au pénitencier d'Angola.

Ignorant les grandes routes, ils battaient la campagne, empruntant les chemins détournés et visitant les bouges, accumulant les découvertes de valeur tout au long de leur route, pour documenter la musique populaire américaine plus complètement que jamais, en un effort jamais renouvelé depuis.

Alan Lomax se souvient : " A cette époque je mettais en forme la première publication de musique populaire par la Bibliothèque du Congrès. Ceci représentait le travail de mon père et de moi-même, une enquête sur tout le territoire à la fin des années trente. Pour la première fois un gouvernement allait publier officiellement les enregistrements in-situ de ses musiciens et chanteurs populaires. L'ensemble comprenait aussi bien des musiques cajuns, mexicaines, amérindiennes, appalachiennes que des chants de marin, - en fait : tout. C'était pour la première fois le portrait en vraie grandeur de la musique de tout un peuple, chose qui n'avait jamais été faite à cette échelle. Véritablement, une étape décisive. "

Les enregistrements de Muddy Waters qu'on peut entendre sur cet album proviennent d'une campagne de collecte co-produite par la Bibliothèque du Congrès et l'Université Fisk, représentée par John Work. On entend d'ailleurs ce dernier mener certains des entretiens.

Les chansons enregistrées lors des campagnes des étés 1941 et 1942 ne furent pas toutes publiées à l'époque comme Alan Lomax nous l'indique : " J'étais responsable d'une série de cinq albums. Mon opinion sur Muddy était si bonne que j'ai sélectionné deux de ces chansons. Je crois bien que c'était le seul dans ce cas - en fait je n'arrivais pas à décider lequel de ces deux blues était le meilleur, alors nous avons mis les deux. "

Muddy Waters est né McKinley Morganfield à Rolling Fork, Mississippi, le 4 avril 1915. Ses parents, Ollie Morganfield et Berta Jones, étaient de pauvres métayers qui devaient élever douze enfants. Muddy fut envoyé vivre chez sa grand-mère maternelle, Della Jones, alors qu'il n'était qu'un tout petit bébé. Il avait trois ans quand sa mère mourut et sa grand-mère l'emmena vers le nord, pour vivre à la plantation Stovall.

Il grandit là, dans le plat pays du coton ; il reçut une instruction très rudimentaire, en partie parce qu'il était noir et pauvre et en partie en raison des besoins saisonniers en main d'oeuvre pour la culture du coton." Je suis allé un peu à l'école, disons les deux ou trois premières années " raconte-t-il à l'écrivain Robert Palmer "et ce que j'y apprenais, je n'en faisais pas grand chose. "

Il travailla comme métayer dans la plantation appartenant à la famille d'Howard Stovall, débutant comme ouvrier dans les champs, il se vit assigner d'autres taches, jusqu'à être conducteur de camion ou de tracteur.

Muddy parle au chroniqueur Jim Rooney de ce passé : " Je cueillais le coton, je castrais le maïs, je trayais les vaches, ha ha, je conduisais des tracteurs, tout le bazar ; ben oui j'étais un fermier. Il ne se passait pas grand chose dans les années trente dans ce pays - il ne se passait même RIEN si vous voulez savoir - mais j'étais là, c'est comme ça que je vivais. Savoir pourquoi..."

Muddy avait participé à des groupes musicaux depuis sa plus tendre enfance et appris la guitare adolescent. Il citait Son House comme sa première influence musicale, dans cette interview parue dans Downbeat en 1969 :" Un soir nous sommes allés à une de ces fêtes du samedi où on mange du poisson grillé et Son House jouait là. Quand je l'ai entendu j'en aurais brisé mon bottleneck... Il est resté dans cet endroit [Clarksdale] pendant 4 semaines de rang et j'étais là tous les soirs. On ne pouvait pas me faire bouger de mon coin. J'étais là à l'écouter, [à regarder] ce qu'il faisait... C'est Son House qui m'a poussé à jouer, j'étais derrière lui tout le temps."

"La première guitare que j'ai eue m'a coûté deux dollars et cinquante cents. J'ai économisé la petite monnaie jusqu'à ce que j'aie ces deux dollars et cinquante cents et je l'ai achetée à un jeune gars nommé Ed Moore... La première fois que j'ai joué avec dans une boite je me suis fait cinquante cents et le gars qui tenait l'endroit m'a filé jusqu'à deux dollars cinquante la nuit et j'ai su que j'étais dans le coup. Après j'en ai eu une de chez Sears Roebuck qui coûtait onze dollars. J'avais un bel étui avec... "

Alan Lomax se rappelle : " Muddy était vraiment un pauvre paysan noir quand je l'ai rencontré. De fait, il est arrivé à la première séance sans chaussures, aussi ai-je enlevé les miennes.
Il n'avait pas de guitare à ce moment, en tout cas il n'en avait pas apporté, alors il a utilisé ma Martin pour les enregistrements. Il appréciait vraiment de jouer dessus. Nous étions tous impressionnés par lui ; je veux dire que nous n'avions aucun doute sur le fait que c'était un chanteur de blues avec beaucoup de sentiment, une tenue et une maîtrise et quelque chose de très profond et de très spécial à dire. J'en ai parlé à Son House et Son m'a dit grand bien de Muddy. Bien sur, je connais l'oeuvre de Robert Johnson, j'ai étudié tous ses enregistrements commerciaux, mais, clairement, Muddy est une figure majeure du Blues, qui a amené le Blues à un autre niveau : le meilleur du Blues mais aussi une influence majeure sur les meilleurs musiques populaires. "

[Muddy aussi se souvient] " Alan Lomax m'a découvert. Il était un jeune homme alors. Il est a bien réussi depuis ! En fait, celui qu'il cherchait c'était Robert Johnson, mais Robert avait été tué. Alors quelqu'un m'a signalé à lui et il est venu et il m'a trouvé. Et il m'a enregistré juste devant ma maison avec mon petit groupe. Il y avait une mandoline et un violon. C'était un sacré groupe. J'étais le plus jeune du lot mais je savais chanter, vous savez ! J'étais encore un gamin et tous les autres étaient plus âgés. "

- La mémoire de Muddy lui fait défaut ici : il n'était plus un "gamin " quand Lomax et Work l'ont enregistré en 1941 car il était né en 1915. On entend d'ailleurs Muddy dans un des entretiens dire qu'il est employé à la plantation Stovall depuis 17 ans (c'est à dire depuis ses 9 ans) ; en fait, il avait vingt-six ans lors de la première séance d'enregistrement en 1941, vingt-sept quand Alan Lomax a fait son second voyage dans le Delta pour enregistrer le reste des pistes. L'année suivante, à l'âge de vingt-huit ans, Muddy partit pour Chicago.

Des années plus tard Muddy parle au chercheur Paul Oliver de ses réactions lors de la première écoute des enregistrements de la Bibliothèque du Congrès : " Je me suis vraiment entendu pour la première fois. Je n'avais jamais entendu ma voix. J'avais l'habitude de chanter comme je le sentais, parce que c'est comme ça qu'on a toujours chanté dans le Mississippi. Mais quand Monsieur Lomax a fait tourner le disque, j'ai pensé : pour sur, ce garçon sait chanter le Blues... Et j'ai été surpris car je ne savais pas que je chantais comme ça. "

Alan Lomax confirme : " Je pense que cela l'a fait sentir plus sur de lui, ce qui fait que, plus tard, quand il est arrivé à Chicago, il ne doutait pas d'être aussi bon que les autres alentour."

Mais en 1941, bien qu'il porte le surnom de Muddy Waters depuis son enfance, il n'avait pas encore assez confiance en lui pour se présenter sous ce nom, surtout pour quelque chose d'aussi important que ce premier enregistrement. Le 78t de la Bibliothèque est donc crédité à McKinley Morganfield.

Les entretiens intercalés lors des séances d'enregistrement sur le terrain étaient une pratique courante à cette époque, une façon de documenter un peu plus le chanteur et les morceaux enregistrés. Si quelques-unes des questions posées par Alan Lomax et John Work nous paraissent un peu ineptes aujourd'hui, il est important de se rappeler qu'en 1941 on ne connaissait pratiquement rien du Blues du Delta et de ses interprètes. Aucun livre n'avait encore été écrit sur le sujet, aucun magazine ne publiait des articles de fond.
En fait, ces entretiens étaient précisément la seule source de connaissance, sur laquelle d'ailleurs bien des recherches seront basées plus tard. Partant de ce constat, Lomax pose parfois des questions très simples (et dont il connaît déjà les réponses) mais ceci est une façon d'obtenir plus de détails, un moyen de faire raconter par les musiciens leur propre histoire avec leurs propres mots.

Les fans de longue date de Muddy reconnaîtront ces chansons comme des versions 'primitives' de celles qu'il enregistrera plus tard pour Chess ou Columbia.

Country Blues fut enregistré à l'origine sous le titre Walking Blues par Son House (et plus tard par Robert Johnson) ; Muddy, qui l'avait appris de Son House en personne, l'enregistrera plus tard chez Aristocrat avec des paroles assez différentes sous le titre Feel Like Goin'Home.

De même, la chanson appelée ici I'Be's Troubled se retrouvera en face B du même 78t Aristocrat sous le titre I Can't Be Satisfied.

Quelques décennies après ces enregistrements historiques, lors d'un atelier Blues au Newport Folk Festival de 1968, Muddy dit à l'assistance :" Je me prépare pour vous jouer quelques morceaux parce que le vieux bonhomme n'est pas là ; il n'est jamais venu ici encore, Son House, et il était l'idole de ma jeunesse, c'est ça Son House. Alors je vais essayer de vous en faire un comme le vieux ferait s'il était là, mais ça fait si longtemps que je ne l'ai pas joué, enfin je vais essayer... " avant de se lancer dans une version à couper le souffle du Walking Blues de Son House. A la fin de la chanson il sourit et demanda : " Est-ce que je me rapproche un peu du vieil homme, là ? "

L'écrivain et universitaire anglais John Cowley indique les ressemblances et les différences entre l'enregistrement de Walking Blues par Son House et son adaptation par Muddy en Country Blues dans un essai intitulé " Really the Walking Blues : Son House, Muddy- Waters, Robert Johnson and the Development of a Traditional Blues "
Alors que beaucoup voient la musique de Muddy comme une extension de celle de Robert Johnson, Cowley fait justement remarquer que Johnson et Waters furent également influencés par Son House mais à des époques différentes.

Mais ne vous abimez pas les oreilles à essayer de découvrir ici les racines du futur blues chicagoan de Muddy. Il ne s'agit pas de cela. Bien avant qu'il ait même rêvé de Chicago, avant qu'il ait seulement l'électricité dans sa maison et quelque chose à brancher dessus, il faisait là le blues élémentaire et profond, la musique dansante des juke-joints de sa campagne natale, le Delta du Mississippi.

Dans ces enregistrements essentiels, fait avec cette encombrante machine sous le porche d'une humble maison, dans la chaleur des après-midi du Sud, le jeune Muddy Waters faisait les premiers pas vers le développement de cette musique qui allait changer le cours du Blues, du Rock'n'Roll et d'autres musiques encore pour des décennies.

Mary Katherine Aldin, 1991 (notes de pochette)

Pour la traduction française : La Gazette de Greenwood n° 37 qui contient également les traductions des 4 interviews de Muddy Waters

Muddy Waters - The Complete Plantation Recordings (1941-1942)
The Historic 1941-42 Library Of Congress Field Recordings
Chess CHD-9344

01 - Country Blues (version 1)
02 - Interview #1
03 - I Be's Troubled
04 - Interview #2
05 - Burr Clover Farm Blues
06 - Interview #3
07 - Ramblin' Kid Blues
08 - Ramblin' Kid Blues
09 - Rosalie
10 - Joe Turner
11 - Pearlie May Blues
12 - Take A Walk With Me
13 - Burr Clover Blues
14 - Interview #4
15 - I Be Bound To Write To You (version 1)
16 - I Be Bound To Write To You (version 2)
17 - You're Gonna Miss Me When I'm Gone (version 1)
18 - You Got To Take Sick And Die Some Of These Days
19 - Why Don't You Live So God Can Use You
20 - Country Blues (version 2)
21 - You're Gonna Miss Me When I'm Gone (version 2)
22 - 32-20 Blues

mp3@VBR + Artwork (75.1 MB)
link in comments

19 novembre 2006

Don Covay

Orangeburg, Caroline du Sud, 24 mars 1938



Biographie à revoir













Plus : la discographie complète de Don Covay

Don Covay - Mercy / See-saw
KOCH KOC CD-8186

Mercy (1965)
01 - Mercy, Mercy
02 - I'll Be Satisfied
03 - Come On In
04 - Can't Stay Away
05 - Can't Fight It Baby
06 - You're Good For Me
07 - Take This Hurt Off Me
08 - Daddy Loves Baby
09 - Come See About Me
10 - You Must Believe In Me
11 - Please Don't Let Me Know
12 - Just Because
See-Saw (1966)
13 - See-Saw
14 - The Boomerang
15 - Everything Gonna Be Everything
16 - Fat Man
17 - Precious You
18 - Iron Out The Rough Spots
19 - Please Do Something
20 - I Never Get Enough Of Your Love
21 - The Usual Place
22 - A Woman's Love
23 - Sookie Sookie

mp3@VBR + Artwork
link in comment

16 novembre 2006

James 'Yank' Rachell

Rachell (James « Yank »)dit Yank Rachell, était un chanteur, mandoliniste, guitariste et harmoniciste de blues américain, né à Brownsville, Tennessee, le 16 mars 1910, décédé à Indianapolis, Indiana, le 9 avril 1997.



Biographie à revoir









Yank Rachell's Tennesse Jug-Busters - Mandolin Blues (1963)
Delmark 606

01 - Texas Tony
02 - Girl Of My Dreams
03 - Do The Boogie Mama (take 3)
04 - Starvation In My Kitchen
05 - I'm Gonna Get Up In The Morning
06 - Lonesome Blues
07 - Shout Baby Shout
08 - Rocky Mountain Blues
09 - Do The Boogie Mama (take 2)
10 - Stop Knocking On My Door
11 - Doorbell Blues
12 - Move Your Hand
13 - Get Your Morning Exercise
14 - When My Baby Comes Back Home
15 - Up And Down The Line
16 - Bye Bye Baby

mp3@VBR + Artwork (73.2 MB)
link in comments

11 novembre 2006

Elmore James


Elmore Brooks, plus connu sous le pseudonyme d'Elmore James, né le 27 janvier 1918 à Richland, près de Jackson, Mississippi, mort le 24 mai 1963 à Chicago, était un guitariste et chanteur américain de blues.

Elmore James a commencé à se produire vers l'âge de 14 ans.

Après cinq années de prestations assez confidentielles dans le circuit classique (pour l'époque) des fêtes et pique-niques le jour, alternant avec les tripots et les bars mal famés la nuit, il entame une vraie carrière quand il rencontre les grands maîtres du Delta Blues ; entre autres : Robert Johnson et Sonny Boy Williamson II. Il les suit à partir de 1937. Hélas, Robert meurt brutalement en août 1938, laissant Elmore désemparé.

Sonny Boy, peut-être parce qu'il est plus âgé, s'en remet mieux et arrive à l'entraîner sur les routes. Ils vont même jusqu'à La Nouvelle-Orléans mais Elmore préfère rester dans sa région d'origine et tourne avec sa formation dans les petites villes du pays du coton.

Après deux ans dans l'US Navy et malgré une première alerte cardiaque, il reprend la route.

Sonny Boy le fait venir dans l'émission de radio qu'il anime à Helena, Arkansas puis le persuade de l'accompagner pour un enregistrement à Jackson.

À leur répertoire, de nombreux morceaux de Robert. Le rusé Sonny réussit à enregistrer Elmore en soliste, mais celui-ci, paniqué quand il le découvre, s'enfuit sans même graver la deuxième face du 78 tours. Le disque sort pourtant, avec une face B quelconque, en août 1951 : Dust my Broom est un gros succès. Beaucoup de gens l'ont ignoré mais c'est un morceau de Robert Johnson qui entre ainsi, 13 ans après sa mort, dans le peloton de tête des disques de Rhythm and Blues. Le riff d'introduction à la guitare électrique de Dust my Broom a un timbre particulier de cloches et a la réputation de n'avoir jamais pu être imité depuis.

Elmore James peut partir retouver Howlin' Wolf et Muddy Waters et inventer avec eux le Chicago Blues.

Robert Johnson n'aurait pas renié cette évolution de la musique du Delta. On peut penser qu'il y aurait mis autant d'électricité, d'énergie, de ferveur.

Elmore connaît d'ailleurs un deuxième gros succès avec une autre version du même morceau.

Après quelques belles années dans les clubs de Chicago, et une nouvelle alerte cardiaque, les succès se font plus rares. Des problèmes avec le syndicat des musiciens le contraignent à retourner dans le Sud.

Il n'en profite pas pour se refaire une santé et continue à tourner dans les petits clubs.

Sa carrière semble pourtant repartir quand il re-enregistre, dans de meilleures conditions, à New York « It Hurts me too » (certainement son meilleur morceau, en tout cas le plus représentatif de son style personnel).

Chicago, ses clubs, et ses musiciens l'accueillent de nouveau. Une nouvelle crise cardiaque lui est toutefois fatale quelques jours seulement après son retour.

Source : Wikipédia

Elmore James - The Complete Fire and Enjoy Recordings
Collectables COL-CD-8829 (3 CDs)

Disque 1
01 - Make My Dreams Come True
02 - Bobby's Rock
03 - The Sky Is Crying
04 - Held My Baby Last Night
05 - Dust My Broom
06 - Baby Please Set A Date
07 - Rollin' & Tumblin
08 - I'm Worried
09 - Done Somebody Wrong
10 - Fine Little Mama
11 - I Can't Stop Lovin' You
12 - Early One Morning
13 - I Need You Baby
14 - Strange Angels
15 - She Done Moved (Instr.)
16 - Something Inside Me
17 - You Don't Have To Go
18 - Stranger Blues
19 - Stranger Blues (Alt.Version)
20 - My Bleeding Heart
21 - Standing At The Crossroads
22 - On Way Out

Disque 2
01 - Got To Move
02 - Person To Person
03 - So Unkind
04 - My Kind Of Woman
05 - Woke Up Screamin' & Cryin'
06 - Do It If You Wanna
07 - Shake Your Money Maker
08 - Look On Yonder Wall
09 - Poor Little Angel Child
10 - Mean Mistreatin' Mama (Take 1-Incomplete)
11 - Mean Mistreatin' Mama (Take 2-Alternate)
12 - Mean Mistreatin' Mama
13 - Sunnyland Train
14 - You Know You're Wrong (Take 1-Incomplete)
15 - You Know You're Wrong (Take 2-Alternate)
16 - You Know You're Wrong (Take 3-Master)
17 - Going Back Home Again
18 - Look Up On The Wall
19 - Find My Kind Of Woman (Take 1)
20 - Find My Kind Of Woman (Take 3)
21 - Dust My Broom (Alt.Take)
22 - My Baby's Gone

Disque 3
01 - Hand In Hand (Take 1)
02 - Hand In Hand (Take 3)
03 - Hand In Hand (Take 4)
04 - I've Got A Right To Love My Baby
05 - Everyday I Have The Blues
06 - Dust My Broom (Alt.Take)
07 - It Hurts Me Too
08 - Talk To Me Baby
09 - Can't Stop Loving My Baby
10 - She's Got To Go
11 - Pickin' The Blues
12 - Twelve Year Old Boy
13 - Up Jumped Elmore (False Start)
14 - Up Jumped Elmore
15 - Up Jumped Elmore (Black Snake Slide)
16 - I Believe
17 - I Gotta Go Now
18 - Make My Dreams Come True (Alt. Take)
19 - Back In Mississippi (Studio Conversation)

mp3@VBR + Artwork
link in comments

08 novembre 2006

Johnnie Taylor

Johnnie Harrison Taylor est né le 5 mai 1938 (ou le 3 mai 1934, selon les sources) à Crawfordville dans l'Arkansas.Formé au gospel, il entre très jeune dans une troupe chargée de porter la bone parole à travers le pays. Il fait ensuite partie de différents groupes très proches de l'église. Son parcours, entièrement religieux, le conduit tout naturellement à l'ordination. Mais, à la suite d'une histoire de de drogue, sa carrière religieuse est compromise.

Sam Cook intervient alors pour le convaincre de franchir la frontière qui sépare la musique religieuse de cette chose profane qu'est le rhythm and blues. Il enregistre alors 3 singles pour le label Sar, de 1961 à 1963, puis 3 autres pour le label Derby, en 1963 et 1964, sous la direction de Sam Cook.

La disparition de Sam en 1964 compromet grâvement la poursuite de la carrière de Johnnie Taylor. Finalement l'année suivante, il prend contact avec Stax, et c'est le véritable début de la gloire pour Johnnie. Il enregistre de nombreux titres pour le label de Berry Gordy, jusqu'à la faillite de celui-ci en 1976. Stax publie également son premier album "Wanted One Soul Singer" en 1967.

La mort d'Otis Redding, puis le départ de Sam & Dave pour Atlantique, conduiront Stax à mettre en avant Johnnie Taylor, qui publiera deux albums en 1968 "Who's Making Love" et "Raw Blues" et plusieurs autres les années suivantes, qui tous remportent un franc succès.

Après la faillite du label, Johnnie n'éprouve aucune difficulté pour se vendre à Colombia. En 1976, l'album "Eargasm" connait un énorme succès, suivi en 1977 par "Rated Extraordinaire". Le succès s'estompe par la suite, et Johnnie fini par rompre avec Colombia. Après un bref passage au label Beveeerly Glen, Johnnie rejoint Malaco qu'il ne quitte plus jusqu'à sa mort survenue le 31 mai 2000 à Dallas.

Plus : la discographie complète de Johnnie Taylor.

Johnnie Taylor - Wanted One Soul Singer (1967)
Atlantic 7567-82253-2

01 - I Got To Love Somebody's Baby
02 - Just The One I've Been Lookin' For
03 - Watermelon Man
04 - Where Can A Man Go From Here
05 - Toe-Hold
06 - Outside Love
07 - Ain't That Loving You (For More Reasons Than One)
08 - Blues In The Night
09 - I Had A Dream
10 - Sixteen Tons
11 - Little Bluebird

mp3@VBR + Artwork (53.6 MB)
link in comments

01 novembre 2006

American Folk Blues Festival (1)

À la fin des années 1950, deux allemands passionnés de jazz, Horst Lippmann et Fritz Rau, constatent que le public européen méconnait largement le blues. Seul Big Bill Broonzy, alors récemment décédé (en 1958) est un peu connu du public, et le blues n'est reconnu que comme "source du jazz". Il décident de créer un festival itinérant à travers toute l'Europe occidentale.

Le premier festival (1962) : Ce premier festival tournera en RFA, en France, en Suisse, en Autriche et en Grande-Bretagne. Il passera par des salles prestigieuses comme l'Olympia à Paris ou le Titania Palast à Berlin. C'est souvent une consécration pour ces musiciens qui ne connaissaient que les "boîtes" de jazz réservées aux noirs en Amérique.

Dans cette première tournée se produisent John Lee Hooker, Memphis Slim, Sonny Terry et Brownie Mc Ghee, Willie Dixon, Shakey Jake, Magic Sam, T-Bone Walker ainsi que la chanteuse Helen Humes.

Cette tournée est un grand succès commercial, et révèle le blues non seulement au public des amateurs de jazz, mais aussi au jeune public, alors passionné par le rock'n'roll, qui découvre ici la source d'inspiration originelle de sa musique.

1963 : Nos deux allemands réitèrent leur tournée l'année suivante.

On y entendra notamment : Sonny Boy Williamson II (Rice Miller), Muddy Waters, Otis Spann, Lonnie Johnson, Big Joe Williams, le guitariste M.T. Murphy et la chanteuse Victoria Spivey. Memphis Slim, Willie Dixon et John Lee Hooker rempileront pour la tournée.

Ce festival est également un succès, et un 45 tours enregistré par John Lee Hooker (Shake it baby) au cours de la tournée fera un tube dans toute l'Europe (Plus de 100 000 exemplaire vendus en France).

Lippman et Rau décident alors de produire l'American Folk Blues Festival régulièrement chaque année.

1964 : La tournée s'étend en Suède, au Danemark en Norvège et passe même le rideau de fer pour se produire en Allemagne de l'Est.

On y retrouve Sonny Boy Williamson II, Sunnyland Slim, Hubert Sumlin, Howlin' Wolf, Lightnin' Hopkins, l'harmoniciste Hammie Nixon et son complice le chanteur et guitariste Sleepy John Estes, la chanteuse Sugar Pie De Santo et sa cousine Etta James, le batteur Clifton James le guitariste de country-blues John Henry Barbee qui doit interrompre la tournée pour cause de maladie, et se tue quelque jours plus tard dans un accident de voiture à Chicago.

1965 : On retrouve Buddy Guy, J.B. Lenoir, le pianiste et chanteur Eddie Boyd, la chanteuse Big Mama Thornton, l'harmoniciste Doctor Ross , John Lee Hooker devenu une vedette en Europe, Big Walter Horton, le chanteur et guitariste Jimmie Lee Robinson, Fred Below et Fred McDowell (l'auteur de la chanson You gotta move popularisée par les Rolling Stones).

1966 : On découvre Junior Wells, Otis Rush, Robert Pete Williams et Big Joe Turner.

1967 : Beaucoup de "Country blues" avec des artistes du delta du Mississipi comme Son House, Skip James, Bukka White. On y entendra aussi Koko Taylor, Hound Dog Taylor et Little Walter.

Et la suite : Le festival se répètera jusqu'en 1972. Il finira par disparaître, victime de son succès : De plus en plus, les musiciens de blues pourront faire des tournées par eux-mêmes, et il sera concurrencé par d'autres festivals comme le Chicago Blues Festival.

N'oublions pas également que beaucoup de musiciens de blues sont alors assez âgés, et certains disparaitront au fils des années, comme Sonny Boy Williamson II (décédé en 1965) ou Otis Spann (décédé en 1970)...

Le bilan : Ces tournées sont aujourd'hui devenues mythiques : Les disques et les films tirés de ces festivals sont régulièrement réédités (en CD et DVD). Elles auront permis non seulement au public européen de découvrir le blues, mais également de sortir les musiciens de blues du ghetto noir américain. Longtemps le marché du blues a été plus important en Europe qu'aux États-Unis d'Amérique !

Discographie : À l'exception de celle de 1968, toutes les tournées ont donné naissance à un album-souvenir, tous disponibles sur le label « L+R » (Lippmann et Rau).AFBF 62 / AFBF 63 / AFBF 64 / AFBF 65 / AFBF 66, et même AFBF 67 sont des classiques. Ces disques ont été réédites en CD.

Une série de 3 DVD (The american folk blues festival 1962-1966 vol 1, vol 2, vol 3) a également été publiée.

Source : Wikipédia

The American Folk Blues Festival - 1962-1966 - Volume 1

Video MPEG 720 x 576

01 - T-Bone Walker & Shakey Jake - Call Me When You Need Me - 1962 (30.5 MB)
T-Bone Walker : Guitar
Shakey Jake : Vocal

02 - Sonny Terry & Brownie McGhee - Hootin' Blues - 1962 (33.5 MB)
T-Bone Walker : Introduction
Sonny Terry : Vocal, Harmonica
Brownie McGhee : Guitar

03 - Memphis Slim - The Blues Is Everywhere - 1962 (21.2 MB)
Brownie McGhee : Introduction
Memphis Slim : Vocal, Piano
T-Bone Walker : Guitar
Willie Dixon : Bass
Jump Jackson : Drums

04 - Otis Rush - I Can't Quit You Baby - 1966 (45.3 MB)
Roosevelt Sykes : Introduction
Otis Rush : Vocal, Guitar
Jack Myers : Bass
Fred Below : Drums

05 - Lonnie Johnson _ Another Night To Cry - 1963 (41.9 MB)
Sonny Boy Williamson : Introduction
Lonnie Johnson : Vocal, Guitar
Otis Spann : Piano
Willie Dixon : Bass
Bill Stepney : Drums

06 - Sippie Wallace - Women Be Wise - 1966 (36.8 MB)
Sippie Wallace : Vocal
Little Brother Montgomery : Piano
Jack Myers : Bass
Fred Below : Drums

07 - John Lee Hooker - Hobo Blues - 1965 (23.0 MB)
John Lee Hooker : Voca, Guitar

08 - Eddie Boyd - Five Long Years - 1965 (28.4 MB)
Eddie Boys : Vocal, Piano
Buddy Guy : Guitar
Lonesome Jimmy Lee : Bass
Fred Below : Drums

09 - Walter "Shakey" Horton - Shakey's Blues - 1965 (24.7 MB)
Walter "Shakey" Horton : Harmonica
Eddie Boyd : Piano
Buddy Guy : Guitar
Lonesome Jimmy Lee : Bass
Fred Below : Drums

10 - Junior Wells - Hoodoo Man Blues - 1966 (25.5 MB)
Junior Wells : Vocal, Harminoca
Otis Rush : Guitar
Jack Myers : Bass
Fred Below : Drums

11 - Big Joe Williams - Mean Stepfather - 1963 (25.2 MB)
Big Joe Williams : Vocal, Guitar

12 - Mississippi Fred McDowell - Going Down To The River - 1965 (25.3 MB)
Mississippi Fred McDowell : Vocal, Guitar

13 - Willie Dixon - Weak Brain And Narrow Mind - 1964 (38.6 MB)
Sunnyland Slim : Introduction
Willie Dixon : Vocal, Guitar

14 - Sonny Boy Williamson - Nine Below Zero - 1963 (54.7 MB)
Memphis Slim : Introduction
Sonny Boy Williamson : Vocal, Harmonica
Otis Spann : Piano
Matt "Guitar" Murphy : Guitar
Willie Dixon : Bass
Bill Stepney : Drums

15 - Otis Spann - Spann's Blues - 1963 (30.9 MB)
Victoria Spivey : Introduction
Otis Spann : Vocal, Piano
Matt "Guitar" Murphy : Guitar
Willie Dixo : Bass
Bill Stepney : Drums

16 - Muddy Waters - Got My Mojo Working - 1963 (36.5 MB)
Otis Spann : Introduction
Muddy Waters : Vocal
Sonny Boy Williamson : Vocal, Harmonica
Otis Spann : Vocal, Piano
Matt "Guitar" Murphy : Guitar
Willie Dixon : Vocal, Bass
Bill Stepney : Drums

17 - Final / Entire Cast - Bye Bye Blues - 1963 (48.3 MB)
Otis Spann : Vocal, Piano
Big Joe Williams: Vocal, Guitar
Sonny Boy Williamson : Vocal, Harmonica
Willie Dixon : Vocal, Bass
Lonnie Johnson : Vocal
Victoria Spivey : Vocal
Muddy Waters : Vocal
Memphis Slim : Vocal, Piano
Matt "Guitar" Murphy : Guitar
Bill Stepney : Drums

Bonus Track
18 - Earl Hooker - Walking The Floor Over You / Off The Hook - 1969 (44.0 MB)
Earl Hooker : Vocal, Guitar
Mack Thompson : Bass
Robert St. Julien : Drums

28 pages Booklet (pdf) (9.2 MB)

password for all files : bluesandrhythm.blogspot.com